Le projet Val Francilia, présenté par
le cabinet Richez à la demande de la municipalité d’Aulnay-sous-bois, concerne
une vaste zone :
- Le site PSA
- Le parc Ballanger
- Le quartier des Ormes, partie ouest de la Rose
des Vents
- La zone d’activité de la Fosse à la Barbière
Il concerne aussi les emprises
routières :
- Carrefour Louis Armand
- Boulevard Georges Braque jusqu’au carrefour de
l’Europe
- Avenue André Citroën
Il entraînera donc de profondes modifications
sur les flux de circulation.
Il doit également s’articuler
avec :
- Le centre commercial O’Parinor
- La future gare du Grand Paris, sur le boulevard
Marc Chagall
Le projet se décompose en trois
entités :
- une zone d’activités industrielles et commerciales
sur le nord-est du site PSA
- un ensemble de logements, entre 2500 et 3500,
sur le sud-ouest du site PSA et 5 hectares du parc Ballanger
- un campus de formation, cœur de la partie ouest
de Val Francilia
Notre réflexion citoyenne portera sur :
- L’état des lieux
- La pertinence de la construction de logements
sur l’espace concerné
- Le projet de pôle de formation
- La fonction du parc Ballanger et sa relation
avec les zones d’habitation environnantes
- La modification des axes de circulation
- La liaison du nouveau quartier avec la gare du
Grand Paris
- Une alternative à Val Francilia
1.
L’état des lieux
Le
site PSA bénéficie d’un accès à un nœud autoroutier (A3, A1, A104), d’un
raccordement ferroviaire, de la proximité de l’aéroport Charles de Gaulle mais
se trouve dans l’axe des couloirs aériens et coupé en deux par la limite de la
zone d’exposition au bruit. Sa vocation
est donc de rester une zone d’activités économiques.
Après le départ de l’usine automobile,
c’est aujourd’hui une friche industrielle progressivement réinvestie par
diverses activités, principalement de maintenance et de logistique.
Nous nous félicitons de ce
retour des activités, source d’embauche pour le bassin d’emploi
d’Aulnay-sous-bois, et nous espérons que le plus grand nombre possible
d’entreprises choisira de s’implanter sue le site.
Le
parc Ballanger constitue une zone de loisirs privilégiée pour les
habitants de la Rose des Vents, d’un accès très facile, beaucoup plus aisé que
le parc du Sausset séparé des habitations par une voie à grande circulation,
l’avenue Raoul Dufy.
Son étendue et sa conception très
particulière en font un élément précieux du patrimoine aulnaysien. Les buttes qui le bordent en sont une
caractéristique essentielle : elles masquent les constructions
environnantes et assourdissent le bruit des
voies de circulation environnantes. Ce parc est fermé la nuit, ce qui est une garantie
de sécurité et de bon entretien.
Nous pensons que ce parc ne doit subir que des aménagements mineurs, et qu’il doit rester ce qu’il est : un îlot de calme, sans ouverture sur des constructions.
Le
quartier des Ormes est un quartier pavillonnaire composé d’habitations de
faible hauteur, mais avec une densité du bâti assez élevée et peu d’espaces en
pleine terre, ce qui est en partie compensé par la proximité du parc. La zone
des hôtels qui le borde lui permet d’être à une certaine distance des nuisances
du boulevard Georges Braque.
Nous souhaitons que les
transformations de la zone environnante détériorent le moins possible la
quiétude et les conditions de vie dans ce quartier.
La
zone d’activités de la fosse à la Barbière mériterait une meilleure mise en
valeur. C’est aussi le cas des zones des Mardelles et de la Garenne, hors
projet Val Francilia.
Nous regrettons qu’une
réflexion d’ensemble sur les zones d’activités n’ait pas porté à la fois sur
ces zones et sur le site PSA.
Les
emprises routières sont considérables, articulée autour du vaste rond-point
Louis Armand, au croisement de deux axes de grande importance : le
boulevard Georges Braque qui conduit à Gonesse, le boulevard, puis avenue André
Citroën, qui conduit au Blanc-Mesnil, mais surtout qui relie les deux centres
commerciaux O’Parinor et Parinor 2 , et supporte un important trafic de poids
lourds entre les différentes zones d’activité environnantes.
Avec l’arrivée de la gare
et le développement de la zone d’activité PSA, tout le trafic de véhicules
individuels et de marchandises ne peut
que s’intensifier. La modification de ce réseau doit être précédée d’études
très approfondies.
2. La pertinence de la construction de
logements sur le site PSA
Aulnay Environnement est consciente de la
nécessité de construire des logements
pour répondre à la pénurie actuelle, d’autant que la ville, dans la période
précédente, perdait des habitants, faute d’une offre suffisante. Elle comprend
la nécessité d’une densification, mais elle la souhaite maîtrisée et
respectueuse des caractéristiques et des contraintes de notre paysage urbain,
ce qui trop souvent, n’est malheureusement pas le cas, aucune étude
urbanistique ne précédant l’acceptation des permis de construire.
Déjà dans toute la commune les programmes
immobiliers se multiplient : dans le sud, autour de la place Abrioux et du
quartier Chanteloup, tout le long des rues Charcot, Jules Princet, Jacques
Duclos et bientôt au sud du vélodrome, sans parler des réalisations dans le
cadre du PRU le long du boulevard Marc Chagall. Nous pensons que cela suffit,
d’autant que la commune se targue de résister aux pressions de l’État.
Le site PSA ne nous paraît pas un bon
site pour l’implantation de logements : la ligne symbolisant la zone de
bruit n’arrêtera pas le bruit des avions, ni celui du trafic de camions généré
par la zone d’activité accolée à la zone d’habitation. La création d’un
quartier d’environ 10 000 habitants à l’extrême nord de la ville conduit
les promoteurs du projet Val Francilia, sous couvert d’établir une continuité
avec le reste de la commune, à dénaturer le parc Ballanger pour en faire un vaste
espace vert avec vue sur des immeubles.
Nous
sommes donc opposés à la création de ce nouveau quartier sur le site PSA.
3.
Le projet de campus de formation
En revanche, nous sommes favorables à
l’implantation d’un centre de formation en lien avec les entreprises proches,
avec des immeubles pouvant héberger temporairement les étudiants. La définition
précise de ce pôle de formation est une priorité, car il peut jouer le rôle
d’incitateur pour l’implantation d’entreprises, ce qui n’est pas gagné d’avance.
On ne peut d’ailleurs écarter
l’hypothèse que ce projet ne serve que de prétexte pour engager d’abord les
programmes immobiliers.
Nous attendons donc au
plus vite le lancement (et la publication) d’une réflexion approfondie sur le
sujet, en lien avec les institutions compétentes.
4.
La fonction du parc Ballanger
Le projet Val Francilia conduit à
annexer le parc Ballanger au nouveau quartier : « près de 3 km de
façade sur parc », tel est le slogan de ses promoteurs. Cela signifie que
cette particularité essentielle du parc, son rôle de coupure d’avec la ville,
est sacrifiée. Cinq hectares sont urbanisés. La partie du site PSA dévolu à un
espace vert ne compense pas la disparition de cette qualité qui fait l’attrait
du parc. En quelque sorte, le parc Ballanger est annexé à Val Francilia. Il
devient un espace vert comme tant d’autres, impossible à clôturer, et donc à
sécuriser.
Si la municipalité passe
outre, et qu’elle crée ce nouveau quartier, nous demandons que la
caractéristique du parc conçu comme un lieu isolé de la ville soit préservé,
toutes les buttes conservées et qu’aucun immeuble ne soit construit sur son
emprise. En revanche, il peut être ouvert au nord, mais exclusivement par
des voies piétonnières. Ce qui a séduit les Aulnaysiens jusqu’à aujourd’hui, en
particulier ceux des quartiers nord, peut être partagé avec les résidents de
Val Francilia, et le parc devenir un lieu de rencontre entre les habitants des
deux quartiers.
5.
La modification des axes de circulation
La création de la gare du Grand Paris,
l’implantation espérée de nouvelles entreprises et la construction de nombreux
logements ne peuvent qu’entraîner une intensification des flux, encore plus
importants si le projet tout voisin d’Europa City voit le jour. Dans ce cas, le
Boulevard Georges Braque en sera la principale voie d’accès par le nord, en
même temps que le seul exutoire au nouveau quartier. Cette hypothèse a-t-elle
été étudiée ? Des projections du trafic ont-elles été élaborées ?
Tout simplement, un comptage du trafic actuel a-t-il été fait et pris en
compte ? Le problème déjà épineux du carrefour de l’Europe, régulièrement
embouteillé, ne risque-t-il pas de s’aggraver encore ?
L’une des objections à l’urbanisation
de cet extrême nord de la ville, le risque « de relégation de ses
habitants » qu’évoquait le candidat Bruno Beschizza en 2015, peut-elle
être surmontée, lorsque l’accès de ce quartier par d’autres habitants d’Aulnay
risque d’être si difficile ? Car il ne suffit pas que les habitants de Val Francilia aient un accès facile au
métro, il faut aussi, pour que le quartier ne soit pas un ghetto, que des
échanges puissent se faire dans le sens sud-nord autant que dans le sens
nord-sud. Or le boulevard Marc Chagall risque de constituer toujours une
coupure majeure.
C’est justement le problème dont
souffre depuis des décennies le quartier de la Rose des Vents. Comment espérer
surmonter cette coupure territoriale en intensifiant les flux qui créent cette
coupure ?
La piétonisation de l’avenue André
Citroën est certes une idée séduisante, mais le report de son trafic déjà
important (c’est la seule connexion entre les deux centres commerciaux) sur une
voie traversant le site PSA, là où se touchent zone d’habitation et zone
d’activité et où s’additionnent déjà deux trafics, ne va-t-elle pas décourager
les clients d’un centre de se rendre dans l’autre, et accentuer le déclin déjà
sensible de Parinor 2 ?
Aucune solution à ces problèmes ne
ressort du projet Val Francilia tel qu’il est présenté aujourd’hui. La
suppression des ronds-points, qui permettent pourtant en principe une certaine
régulation de la circulation, semble faire fi de toutes les difficultés, les
circulations douces et les navettes automatiques ne s’imposant que par la magie
d’une image.
Il est donc urgent de
commencer par mettre au clair un plan de circulation sérieux sur tous ces axes
autour de la nouvelle gare, et d’y associer les Aulnaysiens.
6.
La liaison du nouveau quartier avec la gare du Grand Paris
Qu’un quartier de 10 000 habitants
ou seulement un pôle de formation soit créé, il faut qu’un lien aisé avec la
gare du Grand Paris soit établi. Cela n’impose pas que l’on construise des
logements sur le parc Ballanger, mais qu’on puisse aisément le contourner pour
une « circulation douce » ou le traverser à pied, autant que possible
en ligne droite, la circulation des automobiles ou des autobus restant
cantonnée au boulevard Georges Braque, ce qui est le cas, pour autant que l’on
puise en juger, sur le projet du cabinet Richez.
Au sud, près de la gare,
un remodelage du « quartier des hôtels » semble inévitable pour
dégager la voie de circulation douce et le chemin piétonnier. Au nord, il nous
semble possible de dégager au pied de la butte ouest du parc l’espace pour la
voie de circulation douce. Pour les piétons, un accès et une sortie
supplémentaires à l’ouest du parc, peut-être avec une passerelle, permettraient
un cheminement agréable. Rien n’oblige à border ces cheminements de constructions
nouvelles.
7.
Une alternative à Val Francilia
La réalisation de Val Francilia
ajoutera donc de nouveaux problèmes à une ville qui peine déjà à surmonter ceux
d’aujourd’hui, et mettra à mal son patrimoine naturel.
Une autre hypothèse aurait pu être mise
à l’étude, celle de la requalification des zones d’activité existantes :
Garenne et Mardelles. Ces zones contribuent à isoler le quartier Balagny. C’est
là que la possibilité d’un quartier mixte, qui ne poserait pas le problème de
continuité avec la ville aurait pu être étudiée, la distance de la gare du
Grand Paris étant à peu près équivalente, loin des zones de bruit. Le déplacement des entreprises qui y sont
implantées vers le site PSA est-il inenvisageable ? Il semble pourtant que
le projet imagine que la zone plus proche des Mardelles puisse connaitre une
telle évolution, les activités laissant la place aux quartiers d’habitation.
En regard de ce projet réellement
ambitieux, qui répondrait à une réelle volonté de réorganisation et
d’amélioration de l’espace urbain, le projet Val Francilia constitue une
solution de facilité, peu soucieuse de la préservation du patrimoine et du
bien-être des Aulnaysiens actuels et futurs, et offrant surtout des
perspectives séduisantes aux promoteurs et à l’industrie du bâtiment.