« Un maire doit d’abord être à l’écoute de ses citoyens. L’intérêt général d’une ville, c’est d’abord l’intérêt de ses habitants. De plus, en matière d’habitat nous devons absolument éviter les ruptures urbaines qui fragilisent tant de quartiers en France. »
Bruno Beschizza, 2 oct. 2013
Il semble que la campagne électorale ait commencé à Aulnay. La municipalité redouble d’efforts pour vanter son respect du patrimoine. Précédant le dossier d’Oxygène où elle s’attribue le mérite d’acquis dus surtout aux municipalités précédentes, un prospectus très partisan, sous couvert de dénoncer des « intox », a présenté des faits une version tronquée et contenant certaines contrevérités.
L’assemblée générale d’Aulnay Environnement du 22 mars 2018 a voté un crédit exceptionnel pour informer les Aulnaysiens de la vérité des faits.
Le frein mis au « bétonnage » DÉSINTOX !
Allée des Charmilles
Chaque Aulnaysien peut juger de la pertinence de cette affirmation. Ce mot, fondement de la campagne électorale de 2014, nous ne l’utilisons que pour le retourner contre ses promoteurs, car la réalité est plus complexe. Construire des logements est une nécessité dans un pays où la population augmente sans cesse, avec une région Île-de-France qui reste parmi les plus attractives. La solution d’étendre à l’infini les zones urbaines n’est pas tenable, il faut inévitablement densifier les centres-villes. Mais pas n’importe comment.
Que construire, où et comment construire, là sont nos points de désaccord avec la politique municipale.
La population d’Aulnay a diminué dans les années 90: 82000 habitants en 90, 80000 en 99. Dans les années 80 et 90, sous les mandatures Abrioux et Gaudron jusqu’au début des années 2010, on a très peu construit. L’occasion a été manquée de doter la ville d’équipements que possèdent toutes les communes limitrophes : salle de fêtes (peut-on croire que la salle Scohy soit digne d’une ville de 85000 habitants ?) et médiathèque centrale. En même temps, on a doté la piscine d’un système de récupération de chaleur qui a asséché sa voûte en bois et justifié sa fermeture en 2015. Tout le monde peut faire des erreurs, le tout est de les reconnaître !
Les pressions de l’État se sont donc faites de plus en plus fortes pour la création de nouveaux logements : L’équipe Gaudron a lancé un nouveau PLU pour encourager la construction, l’équipe Ségura l’a encore assoupli, et le PLU de l’équipe Beschizza, encouragée par les facilités permises par le gouvernement Hollande (suppression du Coefficient d’Occupation des Sols) a ouvert largement les vannes.
Le PLU de 2015, conduit à la hussarde alors que nos voisins sont encore en pleine concertation avec les habitants, fait fi des attentes des Aulnaysiens qui demandaient entre autres qu’on continue comme par le passé à construire en retrait, sans balcons débordants: les promoteurs ont à présent toute liberté de construire au ras du trottoir, et les façades continues (comme à Paris !) sont le but ultime.
Rue du 14 Juillet 2015 et 2018
Ce à quoi nous assistons, c’est à l’accélération brutale d’un mouvement de rattrapage dans la construction qui ne pouvait que choquer les Aulnaysiens, confortés dans l’immobilisme : en 30 ans, il s’est probablement moins construit de logements que dans les 3 dernières années ! La continuité entre les mandatures Ségura et Beschizza est évidente, la première ayant fait « le sale boulot ». Mais on comprendra que la formulation « ce que voulait Ségura » est à remplacer par « ce que voulait l’État ». La volonté de résistance aux pressions de l’État des deux équipes est difficile à mesurer : on ne sait ce qu’aurait fait au final l’ancienne municipalité, et c’est à elle de se défendre. On prétend que sous l’équipe actuelle, 210 permis ont été refusés. Combien en vérité, lesquels, et sur quels critères, on n’en aura jamais la preuve. Et derrière cette affirmation de résistance aux pressions de l’État se profile le projet aberrant de construire 2500 logements sur PSA, en contradiction avec les promesses électorales. Où est la résistance ?
Pas de logements sociaux dans un quartier pour les hauts revenus !
On joue ici sur les peurs. Il y a 3 niveaux de logements sociaux: PLAI, PLUS, PLS : le plafond de ressources pour un PLS n’est pas atteint par un couple d’enseignants avec un enfant et dix ans d’ancienneté ! Or la commune, surtout le sud, manque de logements pour cette couche de population, le bilan du Projet Local d’Habitat pointe du doigt la fuite vers d’autres communes des jeunes des couches moyennes inférieures. Ces logements manquent dans le sud, où nos enfants sans apport personnel ne peuvent plus se loger. Cette situation a été dénoncée par le Préfet dans son appréciation du PLU. L’équipe Ségura y avait veillé. A-t-on remarqué que les logements sociaux inclus dans l’immeuble de la rue Jean Jaurès ou dans celui, rénové, de l’ex-place Camélinat, aient été source de troubles à l’ordre public ?
Les logements sociaux de la Place ex-Camélinat |
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Au contraire, le projet autour de l’ex-place Camélinat vise à implanter tout un ensemble d’immeubles de rapport en pierre de taille, de grande hauteur et de grand luxe pour attirer une nouvelle population. Après le café « Le Narval », viendra le tour de l’ex-Centre Le Camus, du legs Pecoroni (légué pour un usage scolaire) et de l’ancienne perception, et de toutes les maisons dont les propriétaires céderont aux avances des promoteurs.
L’ex-place Camélinat dans quelques années (sans les arbres, bien sûr !)
C’est une transformation profonde du quartier qui est prévue, sans que cela soit jamais annoncé dans le PLU. C’est dans le règlement de cette zone UDa, jamais présenté en réunion publique, que la hauteur a été portée à 5 étages. Il n’y aura eu aucun dialogue avec des habitants attachés au charme d’une place dont le caractère patrimonial a été relevé par les services spécialisés du département. C’est ce que nous appelons de « l’urbanisme brutal » digne de ce qui s’est passé autrefois avec la « Cité arc-en ciel ».
Toute la zone prévue pour 5 étages