
La tribune publiée sur Oxygène intitulée « Une véritable écologie urbaine, c’est possible » est un bel exemple de la confusion délibérée entre information et propagande.
Concernant l’écologie, on pourrait attendre d’élus qu’ils soient animés par un véritable esprit de démocratie, c’est-à-dire convaincus que le débat en est l’essence même, dans le respect des contradicteurs. Le débat, c’est bien la base, et en même temps, avouons-le, souvent la faiblesse, de l’écologie politique. Ici nous en sommes aux antipodes. On commence par discréditer tout avis discordant, avec une bordée d’expression dépréciatives : « récupération, arguments partisans, vendre une écologie de façade, fumeuses théories ». Nous voilà fixés, l’honnêteté intellectuelle est dans un seul camp. Comment dialoguer après de tels anathèmes ?
Pour éviter d’être de surcroît traités de gauchistes, nous nous appuierons sur une citation d’un leader politique sur ce point insoupçonnable : «D’une certaine manière, le débat adoucit les mœurs » (François Bayrou, France Inter, « Questions politiques », 4 octobre 2020). Nos élus sont-ils capables d’entendre ce bon sens-là ?
Examinons maintenant le catalogue de ces écologistes en profondeur, non-récupérateurs et non-partisans.
Reconnaissons que le bon sens n’en est pas totalement absent : mise en place en 2016 d’un programme de rénovation énergétique avec Paris Terres d’Envol. (on en attend l’évaluation), collecte dédiée aux déchets électriques et électroniques à la Ferme du Vieux-Pays, remplacement de l’éclairage en LED, rénovation des écoles favorisant le développement des énergies renouvelables, installation de panneaux photovoltaïques et d’une toiture végétalisée à l’Espace Jules-Verne, ainsi que d’une moquette solaire sur le toit du nouveau centre aqualudique.
On mélange ici les projets et les réalisations, mais on admettra qu’on n’est donc pas totalement au XIXe siècle, comme pourrait le laisser croire des slogans comme « L’esprit village » proposé à la population de la 50e commune de France.
Tout cela est certes bel et bon, mais quelle municipalité n’en ferait pas autant ? Où est la vision d’ensemble (et les investissements ) d’une politique globale pour répondre au réchauffement climatique ?
En regard de ce bilan fort mince pour une si grande ville, les retards sont criants.
- collecte des déchets verts en porte-à-porte : il a fallu attendre 6 ans et la proximité des élections, alors que cette collecte était en place sur d’autres communes qui n’avaient pas comme la nôtre la moitié de leur superficie couverte par une zone pavillonnaire.
- développement des mobilités douces : ici aussi, il a fallu attendre une campagne électorale pour constater quelques avancées timides, l’automobile restant la priorité. L’aménagement désastreux pour les cyclistes du pont de la Croix Blanche montre combien cette préoccupation est récente. Et où sont les efforts pour rendre aisée l’usage des trottoirs par les piétons ?
Et puis il y a ce qu’on appellera pudiquement des abus de langage, pour ne pas céder, comme nos élus, à la tentation de dire des choses franchement désagréables :
- parkings végétalisés et végétalisation du centre-ville et du Vieux-Pays : planter ici et là de grandes colonnes métalliques supportant des plantes vertes, c’est de la cosmétique, pas de l’écologie. Cela ne remplacera jamais l’ombre des alignements d’arbres centenaires qui font baisser la température de plusieurs degrés en période de canicule
- 900 arbres plantés : ce n’est pas le nombre de jeunes arbres qui compte : c’est le ratio grands arbres coupés / jeunes arbres plantés qu’il faut nous donner. Souvent on constate que là où l’on coupe 3 arbres, on n’en replante au mieux que 2 ! Et que fait-on pour dissuader les propriétaires privés d’abattre leurs arbres patrimoniaux pour minéraliser et imperméabiliser leur terrain, lorsque la municipalité elle-même en donne le triste exemple place Abrioux ?
- Charte de l’arbre : ce n’est encore qu’un projet, et dans l’esprit du Maire, simplement une façon d’associer quelques citoyens à une politique systématique de remplacement des alignements qui font l’agrément de nos rues
- aménagement de trois nouveaux parcs : tout est question de superficie. Les parcs en question (parfois minuscules) représentent à eux trois un espace largement inférieur à la prairie autrefois utilisée par le club canin et les riverains de Balagny, aujourd’hui presque entièrement recouvert par des ateliers et des entrepôts. Et que dire des projets d’urbaniser l’espace vert au sud du Vélodrome, et du 1/5e du parc Ballanger ?
- développement de l’éco-pâturage urbain : combien d’animaux ? S’il s’agit des 2-3 chèvres de la ferme Gatillon, on a vaguement l’impression qu’on se moque du monde.
De tout cela, il nous faut des bilans chiffrés. Et pour que ce greenwashing ait quelque chance d’être un peu crédible, il faudrait prendre en compte le bien-être des habitants et cesser de faire d’Aulnay un Eldorado des promoteurs