Etudes

L’avis d’Aulnay Environnement sur le plan Climat-Air-Energie Territorial de Paris Terres d’Envol

1/ L’information

Le Rapport de diagnostic et évaluation environnementale indique : «  Dans un souci de concertation le plus large possible, Paris Terres d’Envol a mis à disposition des habitants et acteurs du territoire un questionnaire d’enquête en ligne sur son site internet. (…). En tout, ce sont 111 personnes qui ont répondu à ce questionnaire (p228). » Chiffre donné sans honte, sur 357 568 habitants ! N’y a-t-il pas là un problème ? Quels relais ont été mobilisés pour donner du sens à cette concertation ? Aucun à Aulnay-sous-bois, en tous cas. On voit dès l’abord le travers de la technostructure administrative et de ses textes : loin, très loin des habitants.  

Donner un avis sur des documents rassemblant autour de 400 pages n’est pas chose facile. Sur les 4 axes d’action du PCAET de Terres d’Envol :

  • développer des transports sobres en énergie (dont le vélo)
  • améliorer l’efficacité énergétique du bâti existant
  • encourager une consommation alimentaire responsable et la réduction des déchets

nous avons choisi de nous exprimer sur le dernier qui nous préoccupe spécialement :

  • Préserver les fonctions de captation du carbone et s’adapter aux risques naturels. En d’autres termes, la préservation du couvert végétal, végétation d’alignement, parcs publics et jardins privés

2/ La préservation des fonctions de captation du carbone (action 19, p25 du Plan d’actions)

Ses Objectifs :

* la limitation de l’effet d’îlot de chaleur urbain critique en période estivale par végétalisation de zones actuellement artificialisées.

 * l’amélioration de la qualité de l’air local par fixation des polluants atmosphériques.

 * l’amélioration du potentiel mellifère et de la variété pollinique des espaces végétaux en milieu urbain.

 * la limitation du réchauffement climatique par création de puits carbone.

 * l’amélioration de la qualité paysagère des centre -villes et des espaces publics urbains.

Descriptif :

* Le renforcement des outils règlementaires (PLU/ PLUI) pour :

– préserver, créer ou récréer la biodiversité : réintroduire la nature en ville (coefficient biotope à la parcelle ou espèces végétalisées en pleine terre, renaturation des espaces en friches ).

– intégrer les prescriptions du SDAGE qui limitent la perméabilisation des sols ou encouragent la désimperméabilisation .

Indicateurs de suivi :

(1) Ratio surfaces bâti / imperméabilisé / végétalisée

(2) Caractérisation de la richesse spécifique

(3) caractérisation de l’abondance des espèces

(4) nombre de personnes sensibilisées

On ne peut qu’approuver. La grande question est : qu’en sera-t-il sur le terrain, à l’échelle des habitants ? À l’échelon communal, les indicateurs globaux ont-ils un sens, lorsque le territoire d’une ville comme Aulnay-sous bois s’étend sur deux des grands parcs du territoire, avec nombre de petits parcs, de sorte que l’on peut afficher un ratio de 17m2 d’espace verts par habitant. Mais concrètement, lorsque les principaux parcs se trouvent au nord de la ville, à 6 km des quartiers sud, quel usage quotidien pour le  piéton de ces quartiers ? Quel rapport avec ses trajets journaliers jusqu’à la gare ?

La réflexion  doit donc se faire au niveau vécu par les habitants,  celui du quartier, voire de l’îlot. C’est à ce niveau que doivent être calculés les indicateurs, en particulier le ratio surfaces bâti / imperméabilisé / végétalisée. Ce ratio ne doit pas être seulement calculé en fonction des espaces végétalisés publics, mais aussi en prenant en compte le domaine privé, celui des jardins de la zone pavillonnaire, si importante à Aulnay (44%), un habitat pavillonnaire qui ne s’arrête pas aux limites du zonage réglementaire, mais qui est également encore très présent dans les zones de centralité.

Or ce que l’on constate, c’est la densification urbaine qui fait disparaître nombre de ces jardins et beaucoup d’arbres survivants de l’ancien couvert forestier. Le respect formel d’une superficie en « pleine terre », lorsqu’elle est constituée par la couverture superficielle d’une dalle recouvrant un parking souterrain sous l’ensemble d’une parcelle constitue un appauvrissement notable du couvert végétal et des grands arbres capteurs majeurs de Co2.

L’objectif de limiter l’effet d’îlot de chaleur urbain est en relation étroite avec ce problème d’échelle. Comment cet objectif est-il pris en compte dans les projets immobiliers et même certains projets d’aménagements municipaux ? Comment les engagements du PCAET vont-ils être traduits dans la réalité et le vécu des habitants ?  

A Aulnay, l’aménagement de la place Abrioux, passant par la disparition de grands tilleuls dispensateurs de larges zones d’ombre  au profit de petits oliviers en pot au maigre feuillage, et la création d’une vaste surface imperméabilisée hautement réfléchissante est un exemple flagrant de l’absence de prise en compte de ce risque, qui sera aggravé par la construction d’un grand immeuble sur le seul côté autrefois occupé par un pavillon avec jardin, créant ainsi un espace entièrement minéralisé, une sorte de cocotte-minute en période de canicule.

Un projet à venir d’un grand programme  immobilier occupant tout un îlot sur la partie ouest de la place de la gare d’Aulnay, sur des parcelles comprenant des jardins et des grands arbres, ou encore les programmes des quartiers nord, le long du boulevard Marc Chagall vont faire disparaître également de nombreux espaces en plaine terre, parfois en friche, sans parler des aménagements liés au réseau du Grand Paris. Un peu partout dans la ville les arbres et les jardins sont appelés à disparaître. 

Quelle action pourrait être prévue pour assurer un compromis entre augmentation nécessaire de l’offre de logements modernes et préservation du patrimoine végétal sur les terrains privés ?

3/ de sérieuses inquiétudes sur l’efficience de ce PCAET sur son axe 4

À lire les avis de la Région et de l’autorité environnementale sur le projet territorial, on ne peut qu’être inquiet.

La Région relève qu’il n’y a pas de descriptif du dispositif de suivi, ni de mention d’un dispositif d’évaluation (p4 de l’avis), ni de suivi de la surface artificialisée (p5), une présentation des moyens qui ne permet pas d’évaluer à ce stage leur adéquation avec les objectifs poursuivis (p6)

L’autorité environnementale va plus loin. Après avoir rappelé en quoi doit consister un PCAET, elle semble considérer que le travail n’est qu’à moitié fait :

La MRAe recommande :

  • de reprendre l’analyse des incidences pour qu’elle justifie que la mise en œuvre du projet de PCAET permettra d’atteindre les objectifs relatifs aux émissions de gaz à effet de serre (…)
  • pour les autres enjeux environnementaux, d’approfondir les analyses en vue d’identifier et caractériser les incidences de la mise en œuvre du projet de PCAET et d’inscrire des mesures ERC (= de compensation) justifiées et adaptées dans le document

Pour l’ensemble des axes, les recommandations sont claires : la copie est à revoir (p16 et 17).

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