Comment concevons-nous le rôle d’une association environnementale centrée sur le paysage urbain ?
En tous cas pas un service public. Nous sommes d’abord des lanceurs d’alerte. Nous avons besoin que les habitants nous informent, mais qu’ensuite ils prennent leur part et nous soutiennent déjà un minimum en adhérant. Nous souhaiterions être perçus comme des porteurs de la voix d’un grand nombre d’Aulnaysiens, une sorte de corps intermédiaire soucieux avant tout de l’intérêt général et non des intérêts particuliers, donc comme des interlocuteurs avec lesquels on débat et on élabore des compromis. Tout au moins que l’on considère comme des relais d’information, des gens auxquels on répond lorsqu’ils expriment des inquiétudes. Avec un souci de pacifier l’espace citoyen. Un maire devrait pouvoir se dire : j’ai fait mon possible pour que chacun se sente entendu et respecté.
Nous avons cru au début aux bonnes paroles, avec la promesse de rencontres biannuelles. Mais on s’est vite rendu compte que certains sujets étaient tabous (place ex-Camélinat) et qu’il n’était absolument pas question de discuter de quoi que ce soit.
Le contexte apparaît aujourd’hui comme extrêmement dégradé. Nos demandes de rencontre restent sans réponse, comme tout notre courrier. Il est évident que les élus ne nous considèrent pas comme des partenaires, mais comme des adversaires politiques, voire des ennemis, qu’il faut faire taire. Nos objections contre le projet de la place Abrioux ont été présentées le 27 novembre, devant les acteurs économiques, comme une opposition purement politicienne. Nous avons donc appris que la nappe phréatique n’existait qu’en tant qu’agitatrice politicienne.
Nous sommes face à une équipe qui a renié toutes ses promesses de mettre fin au bétonnage et de consulter les citoyens sur tous les grands projets, qui multiplie les actions juridiques pour bâillonner les rares canaux d’information libre que sont les blogs, et dont les trolls et les propagandistes s’emploient à pourrir tout débat.
Bref, la démocratie à Aulnay est très malade.
Cela n’est pas un problème de tendance politique, de droite ou de gauche, mais de conception autoritaire du pouvoir. Les structures démocratiques existent (conseil de quartier, comité de pilotage des Conseils de Quartier, CESE, etc.), mais elles sont vidées de leur sens, et ne servent que de réunions pour informer de décisions déjà prises. Il n’est pas question ici que le pouvoir puisse le moins du monde se partager, et que des projets puissent s’élaborer en commun (à l’exception notable du plan de circulation, mais il y aurait là-dessus aussi à redire). On n’est informé que de ce qui a été décidé. Tout étant affaire de techniciens et de spécialistes, les citoyens n’ont pas leur mot à dire dans l’élaboration des projets.
A Aulnay comme dans le reste du pays, nous attendons autre chose. À quand sur Aulnay un grand débat où nous pourrons définir avec les élus l’avenir de notre ville ? (Dans une commune où la municipalité n’a même pas été capable d’organiser la deuxième série de réunions du Grand Débat qu’elle avait promis !)
A l’occasion de ce Grand Débat, nous nous sommes rapprochés de trois associations également soucieuses de faire vivre la démocratie : Vivre Mieux Ensemble, le Cercle Amical Démocratique Aulnaysien, la Ligue des Droits de l’Homme. Nous avons organisé conjointement un débat sur le thème de la démocratie. Il en est sorti des idées intéressantes sur la démocratie locale que nous comptons soumettre aux candidats des prochaines municipales. Nous espérons également que la synergie qui est apparue à cette occasion avec les autres associations nous permettra de coordonner nos efforts pour la défense du parc Ballanger. En attendant, nous participons à la fête organisée par VME samedi 16 mars.
Si débat il y avait, la position d’Aulnay Environnement pourrait alors se résumer ainsi : oui au développement de notre ville, oui à des constructions. Ainsi nous n’avons émis aucune critique contre les opérations le long du CD 115 qui respectent les deux demandes faites par les Aulnaysiens : retrait et hauteur raisonnable. Mais nous souhaitons une croissance mesurée, respectueuse de la volumétrie du bâti actuel et ménageant la circulation des piétons et l’éclairage naturel de nos rues étroites, une croissance qui s’accompagne de la création des équipements qui nous manquent : des locaux associatifs, une salle des fêtes et une médiathèque dignes d’une ville de bientôt 100 000 habitants, et non d’un bourg de la France profonde, souvent d’ailleurs mieux équipé.