La forme du questionnaire écarte d’emblée la possibilité d’une réflexion globale, à l’échelle de la ville, le problème majeur de notre commune, ceci depuis plus d’un siècle, étant celui de la présence de plusieurs centralités qui s’ignorent. Il y est d’ailleurs fait discrètement allusion (p9) dans le dossier de concertation disponible sur le site de la mairie. Le défi de l’aménagement reste celui de lutter contre les coupures urbaines et la ségrégation sociale qu’elles entretiennent. Au XIXe siècle, celle qui séparait d’une part la société paysanne de la séculaire Aulnay-les-Bondis et d’autre part, les nouveaux venus, principalement bourgeois, du quartier du Parc. Une réponse avait été l’ouverture de l’avenue Anatole France qui reliait les deux centres. Aujourd’hui, l’opposition nord-sud demeure, le sud restant identifié comme « bourgeois » par les gens du nord, et le nord « zone de non-droit » par les gens du sud. Aucune réflexion sur l’aménagement de la ville ne peut faire l’économie de ce problème d’ensemble.
Manque donc dans ce questionnaire la question de savoir comment un aménagement du centre-gare peut remédier à cette coupure spatiale et sociale, pour faire émerger une identité aulnaysienne commune.
Le terme même de « Centre gare » devrait être interrogé. Une autre gare, celle du Grand Paris, va produire une nouvelle centralité dans le nord. Les grands programmes immobiliers le long du CD 115 vont modifier l’équilibre démographique : le développement d’une nouvelle centralité autour du carrefour du Soleil Levant se profile sans qu’une réflexion sur les services nécessaires semble émerger. Et que dire du quartier de 3500 logements projeté sur les terrains PSA ? La carte du début du XXe siècle (p6) du dossier de concertation est à présent totalement obsolète. Le « Centre gare » n’est absolument plus au centre géographique de la commune, et bientôt, il n’aura plus le monopole de la gare.
Les mots ont leur importance : en pérennisant cette expression, on contribue à marginaliser les autres espaces de la ville, à privilégier un quartier et sa population au détriment des autres. Une réflexion devrait donc être engagée sur la terminologie. Puisqu’il s’agit de se tourner vers l’avenir, pourquoi ne pas parler dès aujourd’hui des quartiers « Gare sud » et « Gare nord » ?